samedi, août 13, 2016

Faire face...

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Par une grise matinée de pluie, l'on pose la puce chez mon amie Vanou et l'on prend la direction de l'hôpital...

Mercredi après-midi, après plus de deux ans de fugues régulières, mon ménisque interne a finalement cassé. Je savais que ce jour viendrait.

Je savais aussi que ce jour là, la médecine moderne me soignerait. J'avais d'ailleurs, dans les archives hospitalières, tout un dossier médical sur le sujet...

La peur du bistouri?

Vendredi matin, au bloc opératoire pour réparation mécanique. Dans la salle de préparation, une jeune femme dans la trentaine sanglote. Elle est terrifiée.

Elle est là pour une hystérectomie. Sachant que je retourne au bloc vendredi prochain afin de déterminer si je garde ou pas mon utérus, je sympathise. Je lui dis:

 - Rendu là on a plus aucun contrôle et c'est épeurant. Mais si on accepte de ne pas avoir de contrôle, c'est plus facile...

Elle acquiesce, renifle et je discute avec elle pour lui changer les idées (et les miennes). Puis vient le temps pour l'une et l'autre d'aller au bloc opératoire.

Faire confiance à l'équipe médicale en charge

Dans la salle d'opération, alors que les infirmières préparent les scalpels, l'anesthésiste qui ne voit pas d'autre option que la "générale" étudie mon dossier avec attention. J'en apprécie le sérieux.

L'ambiance est agréable, professionnelle, assurée. Le chirurgien est serein. La vue sur la ville est belle.

L'anesthésiste, après avoir consciemment examiné mon dossier, m'explique qu'il ne m'enverra pas aussi loin que la dernière fois que j'ai eu une anesthésie générale. Sous sa gouverne, il me promet une meilleure expérience. Je reste perplexe mais son professionnalisme me rassure.

Et comme je n'ai pas d'autres choix vu mon genou douloureusement barré à 60 degrés depuis 36 heures. J'accepte mon sort. Il pose le masque sur mon visage et tout s'efface en une seconde.

Résultat de l'opération, j'ai perdu 60% du ménisque interne et le chirurgien en a profité pour rattacher mes ligaments croisés qui étaient sectionnés.

Une vieille blessure m'explique-t-il dans la salle de réveil. Trop poquée pour comprendre comment j'avais pu marcher avec des ligaments croisés sectionnés, je garde mes questions silencieuses.

Je le revois dans dix jours, il pourra mieux m'expliquer mon cas particulier, qui s'est évidement révélé plus compliqué que prévu...


Post-operatoire jamais cool

Le réveil est désagréable mais ma face va super bien. Mon côté endommagé est à 1/2 de douleur, ce qui ne m'arrive jamais. Je me rappelle presque de ma vie avant la paralysie faciale. Je me concentre sur ce fait pour accepter l'intense douleur de genou en feu. 

J'ai besoin de doses de cheval pour que la morphine finisse par se rendre jusqu'au genou qui en arrache. Malheureusement les seules fois où je suis soulagée de mes douleurs neuropathiques faciales est lorsque je vais au bloc opératoire!

Et dans ces temps là, il y a toujours une autre partie du corps qui fait très mal. #NoWin

Le réveil est bien désagréable mais il se révèle en effet un peu moins long que les huit heures de retour de l'ablation d'ovaire. L'anesthésiste à tenu sa promesse.

Normalement on est renvoyé chez soi une heure après la sortie de la salle de réveil. On me garde plus de trois heures. La main de l'homme guide mon retour. Et dès que j'arrive à avaler une compote, bang, je suis prête, merci bonsoir!


Selon Juan, il me manquait cependant encore une ou deux heures pour mieux faire...

Du coup, je n'ai jamais vécu de voyage plus difficile que de rentrer de Québec à la maison. Cinquante kilomètres de calvaire. Dieu merci pour l'amour de Juan qui me donne des forces au combat!

La tête en dehors de la fenêtre, comme un chien, les yeux fermés, la main accrochée au rétroviseur, à contrôler la série de symptômes désagréables, vertiges, nausées, intolérance à la lumière, bruits et odeurs augmentés. Ouf!

Heureuse de retrouver en mon antre. Dans le calme de ma brousse. D'ici deux jours, j'aurai le droit d'essayer de commencer à marcher. Et je compte bien mettre ce droit en pratique.

Mon genou, enfin débarré, prend du mieux. Je n'aurais plus la hantise qu'il saute à un moment inopportun. Ce qui devait arriver, arriva. Cela ne devrait donc plus arriver de nouveau.

Vendredi prochain, je retourne au bloc pour le mystère en mon utérus, j'espère être capable d'y aller en marchant!

En une année, ce sera mon quatrième tour de bloc opératoire. Je suis rodée. Un jour peut-être mon corps arrêtera de me faire la guerre...


Agrandir ses perspectives humaines

Au fil des années, avec les divers problèmes de santé accumulés, j'ai appris que la douleur physique ne tuait pas. J'ai appris plus de choses que je ne le souhaitais. Enfin, l'important est d'apprendre...

J'ai eu tant de problèmes de santé que mes amis en semblent blasés. Désensibilisés. Il ne savent plus trop sur quel pied danser. J'en comprends le principe. C'est humain.

Certains pourtant se démarquent par leur ouverture d'esprit et compréhension générale. Ceux là me rentrent tout droit dans le coeur.

Au fil de ces différentes épreuves physiques, j'ai pu mieux percevoir mes forces intérieures. Avec une certaine pratique et discipline, j'apprends à les exploiter pour grandir et avancer en ma vie. Un processus aussi complexe qu'enrichissant en soi. Un processus de reconstruction...

Apprendre à vivre avec des problèmes de santé chronique me permet d'agrandir mes horizons intérieurs.

Si on en choisit la direction constructive, tout le monde peut apprendre des difficultés de son quotidien. En acceptant ce que l'on ne peut changer, on peut en apprendre beaucoup sur soi. Et sur les autres...

En refusant de m'apitoyer sur mon sort, je découvre de nouvelles façons de penser. Je cultive ma neuroplasticité et les exercices de gymnastique mentale font désormais partie de mon quotidien.

Chaque épreuve surmontée nous rend plus forts. Plus j'en traverse et plus j'en suis persuadée...

Maintenant, j'espère qu'une fois le mystère en mon utérus réglé, je pourrai avoir un peu de répit. Afin de pouvoir exploiter mes forces, développer mes potentiels et m'épanouir en mon individualité.


Pendant ce temps, Miss Soleil continue de progresser en son protocole de récupération de "commo". Cela fait maintenant six mois que l'on est dedans!

L'été lui fait du bien. Elle n'a pas encore retrouvé toutes ses capacités mais elle y travaille bien. En équipe parentale, on travaille fort à sa récupération. On espère qu'elle finira par se remettre sans séquelles permanentes. On le saura d'ici là fin de l'année...

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