lundi, mai 31, 2010

La maison, lieu de travail...

8 comments
En ma maison...

Lorsque son bureau occupe un coin de salon, il devient alors difficile de travailler avec un homme grognon en congé maladie! Mardi dernier, Juan a dû subir une opération buccale (pour une complication de molaire mal arrachée) et ma semaine de travail en a été toute chamboulée.

Alors que j'aimerais souvent que l'on passe plus de temps ensemble à la maison, subir un ours mal luné qui souffre en silence n'est pas du tout romantique. Et comme l'ours souffre, il faut rester patiente. Et puiser dans ses trésors de gentillesse pour soulager la peine de l'être aimé.

Enfin, cela donne au  moins le temps de discuter des choses de la vie. Un temps qui manque trop souvent entre le travail, la parentitude et les tâches du quotidien...

Pendant que l'homme prend son mal en patience, j'organise mes contrats sur ma planche de travail. En silence, je contrôle cette constante incertitude qui est complice de ma vie de pigiste. La bonne nouvelle est que je débute une commande d'article qui me plait énormément (et me stresse un peu). Parfois l'on a tellement envie de bien faire que cela en devient plus stressant que cela ne devrait l'être....

Du coin de l'oeil, j'observe cette fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Mon humeur en prend pour son grade. Moi qui ait toujours rêvé d'aller faire un tour de bayous désespère devant le gâchis de cette nature innocente. L'on parle quand même de plus de 250 millions de litres de pétrole qui se baladent maintenant à la surface de nos jours! En Louisiane, il parait que certains marais se meurent déjà. Les oiseaux n'y chantent plus. Même si j'en comprends les dommages économiques, c'est la nature bafouée qui me fait sortir de mes gonds.

Si j'étais maitresse du monde, je confisquerai tous les biens de BP (en guise d'exemple) et j'utiliserai tout leur capital pour essayer de réparer les dégâts de cette catastrophe. Sans compter que je prendrais tous les moyens à ma disposition pour nous sortir de cette maudite dépendance. Cette puissante dépendance qui transforme tout humain en junkie de pétrole.

Cette catastrophe écologique, qui s'inscrira certainement dans les livres d'Histoire, est la pire de toutes. Cette marée noire est tout simplement effroyable. L'on ne peut encore en connaitre toutes les répercutions. Le pire est surement à venir. Arriverons-nous à en tirer des leçons? Apprendre est la seule bonne chose que l'on pourrait retirer de cette horreur. Enfin, comme je ne suis qu'une petite fourmi au milieu d'une phénoménale fourmilière humaine, je me contente de faire la tête entre deux arbres.

Je lève la tête vers le ciel. Mais là, c'est encore un autre problème. Quelque part, à des centaines de kilomètres de ma maison, des brasiers gigantesques transforment des hectares de forêt en enfer sur Terre. Au nord de la province,720 kilomètres carrés de forêt sont déjà partis en fumée. Et cette fumée est devenue un nuage gargantuesque qui se déplace au gré des vents qui le pousse. Il atteint ma brousse. En levant la tête au ciel, j'aperçois un soleil rouge sang.

Le ciel enfumé absorbe les rayons lumineux et arrive finalement à avaler le soleil tout entier. L'atmosphère jaunâtre dégage une subtile odeur d'apocalypse. En levant la tête au ciel, une subtile angoisse me traverse. Arriverons-nous à atteindre 2013? Parfois, c'est une question qui ne me parait pas si évidente à répondre. Et je ne parle même pas des histoires de sécheresse qui commencent à hanter les nouvelles...

Alors je me tourne le regard vers cet enfant qui symbolise le futur à mes yeux. En sa petite personne qui pétille, c'est un futur plein de promesses que je vois. Je m'y accroche le coeur. Responsable de son bien-être intérieur, je m'applique à lui donner le meilleur de ce que je suis. Je n'y arrive pas tous les jours mais j'y travaille. J'assume le fait que ma plus grande ambition humaine est d'être une bonne maman. C'est peut-être kétaine et anti-mode par les temps qui courent mais je m'en fous.

De nos jours, être une bonne maman veut tout et rien dire. En ce qui me concerne, je veux l'éduquer en l'aimant. Je ne veux pas cultiver à son sujet des d'attentes qui ne sont pas les siennes. Je veux la soutenir mais pas la contrôler. Je veux juste lui donner les bonnes armes pour réussir sa vie. Je ne sais pas dans quel monde elle deviendra femme (mais certains jours, je crains le pire). Tout ce que je sais, c'est que je dois l'élever afin qu'elle puisse profiter à la société qui sera la sienne. Je ne veux pas l'élever pour qu'elle profite au maximum de ce qui l'entoure mais plutôt pour qu'elle apporte quelque chose de bénéfique à son environnement. Je sais que c'est un sacré défi humain. Peut-être même une utopie...

Mais en ce monde de fou qui m'entoure j'ai besoin d'idéaux pour avancer. J'ai besoin de me dépasser la connerie, de maitriser mes défauts et d'exploiter au mieux mes qualités. Et, pour survivre à tout le désespoir qui assombrit ma race, j'ai besoin de rêver à un monde meilleur. Un monde humain où l'harmonie est reine, où le succès n'est pas matériel et où la beauté dépasse l'artificiel...

Paillettes de lac...

8 commentaires:

Candy a dit…

Quand l'un des 3 de ma tribu est malade, cela rend les conditions de travail à la maison très difficiles! C'est pire si c'est le "grand" ;-) Alors je compatis, et je compatis à la douleur de ton homme aussi, quand même :)

Si tu étais maîtresse du monde ... mon Dieu je me prends à rêver!

je t'ambrasse au passage, entre deux rêveries

Karocreations a dit…

Que tes paroles sont touchantes!
C'est vrai que ce monde est capote...
Sans le savoir tu viens de me donner une arme de discussion avec mon plus grand. "Ne pas chercher a le contrôler" je t'en redonnerai des nouvelles!

Karo

Mamantroispointzero a dit…

Ça me touche beaucoup ce que tu dis. Je donne le meilleur de moi-même à mes enfants, mais il y a des jours où je me demande vraiment dans quel genre de monde ils vont vivre, les nouvelles ne sont pas réjouissantes...

Blandine a dit…

Etolane: puis je reprendre une partie de ton texte (en te citant evidemment) pour Ecobo ?
C'est tellement ce que je ressens...

Unknown a dit…

Des fois je comprends mon amie de ne pas vouloir d'enfants... le monde est trop triste par moment :)

Etolane a dit…

Looange, oui c'est une pensée que je comprend trop bien :-(

Blandine, bien-sur, tu as carte blanche (tant que la source y est;) et puis j'aime bien ton ecobo, ce sera un plaisir d'y laisser mes mots :)

Maman3.0, Merci, c'est toujours agréable de ne pas se sentir seule. Arriver au meilleur de soi est un travail intérieur de tous les jours. C'est un travail personnel qui me fait lui être reconnaissante d'être là dans ma vie malgré les défis que certains jours comportent. Je crois que nos enfants nous permettent aussi de grandir. Mais le monde dans lequel ils grandissent m'inquiète...

Karo, ah, merci, je suis contente, tu m'en redonneras des nouvelles... Il a quel âge ton grand?

Candy, ah ma soeur d'armes! :) Merci de ce petit mot qui me fait chaud au coeur. L'homme va mieux. Et je retrouve ma paix! ;) Bises de lac sous la pluie...

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Elle trainera portera toute sa vie le bonheur que tu lui apporte que vous lui offrez et cela va l'accompagner tout au long toujours restant en elle.

La Mère Michèle a dit…

Pour ton homme grognon: l'amour c'est prendre soin d'une personne même quand elle ne le mérite pas ;o))

Pour le monde: nos coeurs sont très proches dans leurs élans, je te l'assure.