jeudi, juin 26, 2008

M'zelle Soleil fait la St-Jean...

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M'zelle Soleil fait la St-Jean...

La veille de la St-Jean, nous ne sommes guère vaillants. Juan est content de ne pas rentrer au bureau le lendemain. Pour marquer le coup, nous décidons d’aller nous grignoter un Burger Californien au Normandin. L’enfant est aux anges, elle trépigne d'impatience. L'on oublie que cela fait des années que l'on a pas fait la grasse matinée et l'on se bourre le fessier...

Le restaurant Normandin, franchise typique locale a quelque peu peu amélioré la palette de ses recettes, des menus à prix modiques et un excellent accueil des enfants, comment résister? Celui du village voisin est situé un bord de rivière, le cadre y est joli, c’est un rendez-vous familial qui ne désemplit pas. Avant que nous ne soyons parents, nous n’avions jamais vraiment l’idée d’aller manger là. Des années durant nous sommes passés devant sans jamais s'y arrêter. Je trouvais l’endroit bien trop « pépére » à mon goût! Depuis que nous ne sommes parents, nous mangeons rarement ailleurs ! Nous voguons en une autre dimension! Embarqués sur un navire d'enfance dont nous sommes les maitres à bord. Oh! Il nous arrive d’aller au Pub, la place plus « branchée » du village mais bon, c’est plus cher et l’ambiance est moins propice pour les jeunes enfants même s’ils y sont bien accueillis. Au Normandin, c'est facile, c'est tellement familial que la petite se trouve des "matantes" à tous les coins de table!!! Maintenant que nous sommes parents nous apprécions donc le Normandin, restaurant à peine plus cher qu’un Macdo mais oh combien plus plaisant! La petite y trouve toujours des enfants à observer, l’on y trouve toujours des parents à papoter, les serveuses sont gentilles, il n’est pas rare d'y croiser un voisin ou une connaissance, l’ambiance y est bonne enfant et la vue sur la rivière agréable...

Depuis des jours le temps se fout de nous, pas facile de profiter de l'été entre deux orages! Nous décidons de fêter la St-Jean au Normandin puis de rentrer en nos pénates. Fatigués, nous nous laissons porter sur les vagues de notre fillette en pleine forme. Nous sommes en peu blasés en nos peaux d’adultes. La petite pète le feu. Notre entité parentale est au beau fixe malgré les averses dispersées que nous offre la température du jour. D'ailleurs, il ne faut guère de temps pour que M'zelle Soleil aille rayonner à une table voisine (composée d’une demie douzaine d’enfants en bas age). Je laisse Juan suivre le charme de sa fille tandis que je me plonge dans les pages du Journal. L’homme revient avec mon petit soleil dans les bras et m’explique que c’est un groupe qui va à la St-Jean du village, il me dit :

- Ah! On pourrait y aller, cela serait le fun pour Lily, va y’avoir un feu pis tout le kit…
- Hum, ouais, cela nous sortirait un coup, les feux d’artifices doivent être à genre 10 heures. Yé quel heure là? Anyway on rentrera pas si tard, pis c'est quand même la St-Jean!

- 8 heures….
- Ben oui, allons-y alors…

Pour l’occasion M’zelle Soleil déguste la glace composée exprès pour faire saliver les enfants. Je me dis que le sucre qu'elle ingère devrait lui mettre la pêche pour la soirée. Elle finit de se lécher les babines. Elle nous entraîne sur le bord de la rivière. Juan fait des ricochets tandis qu'elle lance joyeusement ses cailloux dans l’eau. Je les observe les yeux pleins de tendresse. J'ai le coeur qui déborde. La simplicité du bonheur me frappe les neurones. La pluie nous fait regagner la voiture en vitesse, le soir tombe sur une autre journée grisâtre. Nous décidons d’aller chercher parapluie, gilets et appareil photo avant de nous rendre sur le site où se fête la St-Jean...

En quinze minutes nous sommes de retour au village, la petite a enfilé son manteau de pluie, les parapluies sont dans le coffre. Le monde commence à arriver. Cela sent la fête à plein nez. Une fois sur place, il ne pleut plus. La nuit est presque tombée. Comme d'évidence, nous nous rendons compte que nous avons oublié les parapluies dans le coffre! Un orchestre joue des airs d’ici sous un grand chapiteau. Les hot-dogs rougissent dans un coin, la bière coule sans excès, l'atmosphère est cordiale, les ballons des enfants remplissent le paysage.

M’zelle Soleil en demande un et nous découvrons une dame qui les gonfle pour les donner aux petits qui font la file. Lily-Soleil en aimerait bien un bleu (elle adore tout ce qui est bleu) mais il n’en reste que des blancs! Elle s’en contente tout en observant les visages décorés des enfants que l’on croise. Comme je sais combien elle rêve de maquillage et de dessins sur le visage, l’on se fraie un passage dans la foule à la recherche de la table qui maquille les enfants. Lorsque l’on trouve l’endroit en question, il est désert, la dernière averse a fait fuir les jeunes bénévoles qui se sont évaporés dans le soir! M’zelle Soleil avale avec grâce cette déception de taille. Les nuages se font plus menaçants. L’enfant joue avec son ballon qu’elle laisse partir aux vents. Le ballon file vers les nuages. L’enfant fascinée par l’envol n’arrive pas à s’en détacher le regard. Le ballon disparait à l'horizon. Nous allons lui en rechercher un autre, qu’elle accepte cette fois-ci d’accrocher à son bras, les feux sont prévus pour dix heures. Il est neuf heures et l’orchestre joue du Félix Leclerc…

Lily veut aller voir la musique. Nous l’emmenons devant l’orchestre où une petite troupe d’enfants s’amusent joliment. Il n’en faut pas plus pour que ma fille entre dans la danse. Elle observe quelques instants les environs avant de se mettre à sautiller à droite et à gauche. Je la vois bientôt accompagnée par un petit garçon qui imite son rythme. Debout dans la première rangée des parents qui surveillent leurs rejetons en liberté, nous sommes comme de la guimauve sous le feu de notre petit soleil. Toute émue, je regarde ma fille apprivoiser ses pairs. Elle repère une petite fille aussi bouclée qu’elle, elle lui tend la main. La fillette s’approche puis s’effarouche. Ceci ne décourage pas M’zelle Soleil. Elle la suit tandis que l’autre fuit. Je sens une petite boule monter en ma gorge, vais-je assister au rejet de mon enfant, vais-je devoir consoler une peine? Le papa de la petite fille sourit à Juan. Nous observons tous ensemble le petit manège d’enfance qui tourne sous nos yeux. Une autre petite fille entre dans le jeu, à peine plus âgée que la mienne, elle veut prendre la main de Lily qui ne veut pas. Je fronce des sourcils. Il faut que j'arrête de prendre à coeur les péripéties de l'enfance. Je dois apprendre à faire confiance à la capacité de mon enfant à gérer son environnement. Mon rôle parental est de guider, d'aimer et de préparer l'indépendance à venir. D'être présente sans étouffer. Être vigilante sans interférer. J'avale mes angoisses de maman louve. La petite fille parle à la mienne qui ne perd pas l’autre de vue.

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M’zelle Soleil réfléchit avant d'accepter la main tendue. C’est alors que l’autre revient à toute allure dans le décor. Elle accroche la main de ma fille qui les entraîne dans une ronde joyeuse. Je suis aussi fondue qu’un morceau de fromage sur le grill! Je me secoue les émotions. Je reprends ma tête en même temps que l’homme me prend dans ses bras. J'apprécie l'instant présent. Dehors une pluie battante fait se réfugier la foule qui s’entasse comme un troupeau de sardines sous le chapiteau. Le « band » prend une pause. Harmonium en fond de scène. L’on croise des visages connus que l’on salue. L'on papote et l'on sourit. Le décompte est pour bientôt. Plusieurs s’inquiètent du temps orageux. M’zelle Soleil qui a bien dansé est vannée. Elle somnole sur l’épaule de son père. Une éclaircie se fait à peine cinq minutes avant que dix heures ne sonne, le décompte embarque…

Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux un… En même temps que la foule scande les chiffres qui nous rapprochent du lancement des feux d’artifices, nous nous faufilons dehors. À peine est-ce que le décompte est achevé que d’énormes gouttes cascadent du ciel pour tremper tout ce qu’elles touchent. Rapide retour sous le chapiteau. Entassés les uns contre les autres, les minutes sont longues. Dehors la pluie bat un rythme d’enfer. Cinq minutes passent. La foule attend calmement. Dix minutes s’écoulent et enfin le ciel cesse de nous tomber sur la tête. Tout le monde retourne dehors. Toujours Harmonium en paysage musical. En clopinant dans les flaques d'eau, je fredonne ces airs que j'aime. M’zelle Soleil succombe à la fatigue sur l’épaule de Juan. Enfin tonne les premiers coups des feux qui éclairent le ciel de milliers d’étincelles. M’zelle Soleil a de la peine à tenir debout, nous marchons à reculons vers la voiture. Les feux d’artifices pètent avec la joie qui se touche du bout des doigts. Le ciel s’embrase de couleurs qui bruissent, nous arrivons à l’auto avec le bouquet final. À peine est-elle déposée dans son siège que l’enfant dort déjà. Il est presque onze heures, la St-Jean bat son plein dans toute la province. Nous prenons le temps d'un baiser avant de rentrer au bercail. Quelques jours plus tard M'zelle Soleil aime raconter "sa St-Jean", cela commence doucement puis cela s'emballe, je sens que je vais en entendre parler durant plusieurs lunes encore...

- Z'ai dansé à la fête de Québec avec des amis. Z'ai dansé beaucoup, beaucoup, avec mes amis à moi, z'ai dansé à la fête de Québec et z'ai sauté, sauté, sauté!!!

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