jeudi, décembre 06, 2007

Un mal peut en cacher un autre…

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Un mal peut en cacher un autre…

Depuis quelques jours, je traîne un virus clandestin. J’avais bien remarqué cette congestion désagréable mais je ne me sentais pas particulièrement attaquée par une armée de microbes (même si mes nuits devenaient difficiles). Lorsque m'est apparue une méchante douleur de molaire durant la fin de semaine, j'ai toute de suite pensé carie. Craignant le pire, je prends rendez-vous pour mercredi chez le dentiste. J’utilise les deux jours où M’zelle Soleil est chez sa gardienne pour faire mes choses tout en prenant des antidouleurs pour ménager mes symptômes…

Je sens le mal de dents évoluer dangereusement, la douleur file dans l’œil, elle se promène dans la joue pour rejoindre l'oreille, c’est de plus en plus inconfortable, et toujours cette congestion étrange qui m’énerve. J’arrive chez le dentiste bien inquiète, entre perdre une autre dent ou ruiner la famille, mes options me semblent lugubres. J’explique mes maux à la dentiste qui se révèle être une femme très sympathique. Quelques radios plus tard, elle m’apprend que je n’ai pas de carie mais probablement une sinusite! Interloquée, je ne comprends pas bien le cheminement de sa pensée. Soulagée je suis de ne pas entendre le verdict d’un traitement onéreux! Le plus gentiment du monde, elle m’explique que les sinus côtoient les molaires et qu’il est déjà arrivé à des pauvres bougres de se les faire arracher pour rien! Mon Dieu, j’ai rarement rencontré une dentiste aussi humaine! Elle me met tellement en confiance que j’en lâche cette remarque pas bien sympathique :

- Oh! Vous savez parfois les dentistes c’est un peu comme les garagistes!

J’évite quand même d’élaborer le fond de ma pensée qui a une dent contre les garagistes! Mais je sens qu'elle comprend bien le non dit. Elle accepte ma remarque sans pipper. Elle prend même le temps de m’expliquer toutes sortes de petits détails sur l’état de ma bouche en général et le problème des sinusites en particulier. Vraiment cette dame est une perle. Une perle qui m’envoie pronto chez le docteur en s’excusant de ne pouvoir soulager ma douleur et en compatissant avec les heures d’attente qui m’attendent. Je la remercie avant de prendre mes cliques et mes claques. Je suis ses sages conseils et je file à cette clinique sans rendez-vous à quelques minutes de voiture de son cabinet. J’arrive à la clinique un peu désabusée et je m’apprête à prendre mon mal en patience, un peu déstabilisée quand même par l’idée qu’une rage de dents puisse déguiser un réel problème de sinus. Je donne ma carte Soleil à l’accueil et je vais attendre mon tour dans la salle pleine. Pour m’occuper j’observe mes pairs du coin de l’œil, moyenne d’âge 60 ans…

Un vieux monsieur que je bouscule un peu m’offre un large sourire lorsque je m’en excuse. Je m’assois non loin d’un autre homme bien fripé par les années. Je feuillette un magazine en regardant les gens dans la salle. Une vielle dame vient rejoindre l’homme à deux chaises de ma pomme. Elle s’assoit à ses cotés et je comprends qu'elle est son épouse qu’il accompagne dans son rendez-vous. Pour contrer mon ennui, je lis un article insignifiant tout en écoutant ce vieux couple à mes cotés. Ce vieux couple m’émeut au fur et à mesure que passent les minutes. Je peux sentir l’affection qu’ils ont l’un pour l’autre. Complices, ils se sourient si tendrement que j'ai le coeur en confiture. Ils bavardent tandis que la dame partage les nouvelles qu’elle découvre dans son magazine :

- Tu te rends compte Germain, un cola a plus de 150 calories, t’imagines ceux qui en boivent 5 à 6 par jour!
- Ah! Ben, tu vois, j’ai bien raison de m’en tenir à mes cafés!
- Hummm, mais parfois tu vas aussi à la distributrice…
- C’est vrai lorsque je prends une liqueur, je devrais couper les cafés…

Je réalise que la dame lit un article que j’avais parcouru quelques minutes auparavant. Ce même article expliquait qu’un café avec lait et sucre contenait environ 50 calories. Je me tais dans mon coin. Je suis un peu étonnée de voir des personnes si âgées se préoccuper ainsi de leur taille. Je constate que le monsieur n’est pas gros du tout et que la dame, bien conservée pour ses 70 ans passés, n’est guère grasse! Je médite sur le sujet tout en continuant d'espionner leur conversation de salon. Je les trouve bien mignons, ils m’inspirent de l’admiration, je souris un peu.

Je lève les yeux pour croiser le regard d’un homme, la trentaine, pas mal de sa personne mais avec un petit look destroy qui lui donne une bonne allure mal famée. Il plonge son regard dans le mien. Dans l’ennui de cette salle d’attente, je soutiens sans broncher l’œillade de cet homme qui me rappelle qu’il y a bien longtemps que j’ai maîtrisé mes goûts pour les mauvais garçons. Ce qui n’empêche pas les mauvais garçons de posséder ce petit coté sexy qui attire toujours mes idées. Et puis d'abord qu'est-ce qu'il me veut à me regarder ainsi? Il ne voit donc pas que je porte le chignon, que j'ai des cernes jusqu'au menton et que j'approche de ma date de péremption! Les secondes passent. La croisée de nos regards approfondit son sillon qui traverse la salle. Je soutiens son regard avec assurance en mettant dans le mien toute la neutralité du monde, il détourne les yeux le premier. Je baisse les miens tout en souriant intérieurement. Hum, on s’occupe comme on peut lorsque l’on a des heures à tuer! J’écoute sur le coté les rires étouffés d’une fillette qui fait baisser la moyenne d’âge de la salle à 55 ans...

Je ne suis pas la seule à perdre mon temps en ces quatre murs. Une grosse dame soupire à deux rangées de ma chaise. Immobile, je regarde filer les minutes qui s'accumulent. Je décide de changer de chaise pour explorer un autre coin. L'heure se passe à la vitesse d’un escargot. Ceux qui ont un rendez-vous côtoient ceux qui n’en ont pas. Le roulement de ceux qui ont un rendez-vous est pas mal plus rapide que pour ceux qui n'en ont pas! Le mauvais garçon, sexy dans sa décadence, semble bien connaître le docteur qu’il vient voir. Il sort de son bureau pour y revenir quelque minutes plus tard accompagné d’une jeune fille au look tout aussi destroy! La jeune fille entre dans le bureau du même docteur que celui de l’homme qui s’en va. Je parcoure quelques magazines. Les minutes sont atrocement longues. J’observe mes pairs et je prends des notes mentales pour m'occuper l'esprit. La jeune fille sort du bureau en larmes. Son maquillage coule et maquille ses joues qu’elle essuie du revers de la main. Sa tristesse me touche tout autant qu’elle m’intrigue. Elle va à l’accueil reprendre un rendez-vous, toutes sortes de scénarios se bousculent dans mon cerveau alors que je l’observe disparaître de mon horizon.

Deux heures ont passé. Je vais me laver les mains, je fais un téléphone, je vais chercher une cannette de "Coke Zero" dans ma voiture. Je me rassois à un autre endroit de la salle. Je commence à trouver le temps sacrement long! Je m’enfonce dans ma chaise en regardant une dame d’un certain âge et son fils qui essaie d’attraper mon regard. Je m’enfonce plus profondément dans ma chaise. Je ne prends même plus la peine de lire quoi que ce soit…

Enfin j’entends mon nom! Je me lève pour suivre une docteure qui me sourit. Je m’assois sur la chaise à coté de son bureau et lui raconte mes bobos. Je lui parle du dentiste qui m'a envoyé là. Elle me pose toutes sortes de question sur mes symptômes. Très gentille, il se dégage de sa personne quelque chose de positif que j’apprécie. Cela fait contraste avec sa collègue déprimée que j’avais rencontrée lorsque j’étais venue la dernière fois avec Lily-Soleil. Elle prend le temps de connaître mon parcours, elle s’intéresse à mon cas, je lui en sais gré. Je lui parle de mes expériences des dernières années, de cette intolérance à la peniciline que j’ai développé après ce cocktail atomique qui m’a sauvé la vie lorsque j’ai frôlé la mort (des suites de mon accouchement). Elle m’écoute avec attention, elle est douce et charmante. Elle m’envoie passer une radio au sous-sol tout en soupçonnant elle aussi une sinusite aiguë. Je sors de son bureau. Je descends les escaliers. Je retrouve à l’accueil une préposée au look pseudo punk en pleine conversation téléphonique. En silence, je lui montre ma carte et mon ordonnance avant d’aller m’asseoir sur une autre chaise. Moins de cinq minutes passent avant qu’elle ne raccroche et s’en excuse. Elle me demande les renseignements de base pour mettre à mon dossier et me fait passer à l’étape radio.

En quelques minutes j’ai fini et je retourne m’asseoir devant le bureau de la sympathique docteur, mes radios en main. Je les regarde en essayant d’y voir quelque chose. Un docteur passe et sourit de me voir faire. Je remarque principalement toutes les caries de plombées que j’ai dans la bouche! Mon expertise est bien minime. La porte du bureau s’ouvre. Un patient en sort et la docteure me fait signe d’entrer. Je lui donne mes radios qu’elle met sur son panneau lumineux. Toujours aussi sympathique, elle se concentre sur les radios de ma face. En peu de temps elle voit ce que je ne peux comprendre. Elle me montre mes sinus. Je n’y vois rien du tout mais je la crois sur parole. Me voilà donc fortement « sinusitée »!

- Mais j’ai juste très mal à la dent, c’est quand même bizarre ce truc! Bon c’est vrai que je ne me sens pas très bien et j’ai comme une grosse pression dans la joue… C’est-tu contagieux?

Elle rigole et me répond :

- Tout ce qui finit en "ite" est contagieux…

Ah! Bon! Je me coucherai moins bête ce soir! En cette journée où j’ai traîné de chaise en chaise ma petite forme en chignon, j’en ai appris de toutes les couleurs (mais je savais déjà qu'un cola contenait 150 calories!)! Elle me prescrit des antibios et je sors enfin de cette clinique qui m’a pris tout mon après-midi. Je soupçonne mon petit soleil de fille d’être affecté de ce virus clandestin, c’est à surveiller.

La suite est du domaine de ces maux que je me contente de traverser sans désirer les partager en quelques phrases bien pensées…

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