mardi, décembre 11, 2007

Batailler les jours gris

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Batailler les jours gris

Fatiguée, le diable dans mes cartes s’amuse de moi. Je lui fais un doigt, il ricane, je grimace. Tant que j’aurais un souffle de vie pour pomper le sang de mes veines, je combattrai ses malices. Je repose mes muscles endoloris en une sieste parcourue de cauchemars liés à mes angoisses du jour. Le frigo est vide, sa paye est proche, la laveuse est cassée, sa paye sera vite avalée. Tout le mois durant mes électros ménagers m’auront embêtée pour un oui pour non. Vois-je sourire le diable devant cette fenêtre à colmater? Je bataille les doutes qui s’immiscent en mes pensées troubles. Je soupire. J'avale aujourd'hui ma dernière pilule d'antibio hors de prix. Je travaille à ces mots que je cuisine dans le secret de mes alcôves. Ces recettes ne me rendront pas riche même si elles récoltent un jour certains mérites. Écrire pour devenir riche est à mon sens une ineptie. Je scrute l'horizon qui cache ses chemins de traduction. La traduction me rendra peut-être riche un jour mais cela ne sera jamais une véritable passion...

L’atmosphère semble figée. Pas un souffle d'air ne bouge. Le ciel grisâtre couve ses flocons qui ne devraient pas tarder à tomber. L’hiver enserre nos réalités. Heureusement qu’il y a toutes ces lumières de Noël pour colorer les nuits. J'aime la féérie des lumières de Noël qui se fondent à merveille dans le paysage enneigé. Même si notre Noël s’annonce frugal, l'enfant aura des cadeaux dans ses petits souliers. Prendront-nous la peine de déposer les nôtres sous le sapin?

Noël. Le mode de consommation qui s’associe à cette fête ne passera pas chez nous. Après tout, tant que l’on a l’amour et la santé, c’est le principal. Dans le fond, je préfère trouver dans nos souliers de l’amour et de la santé plutôt qu’une montagne de biens matériels. Je me prive, je m'assume, adulte je suis. Ma boite à bijoux est au régime. Magasiner ne fait tellement plus partie de mon quotidien que j’en ai presque oublié les plaisirs. Ainsi va la vie. Une semaine pile après le jour de Noël, j’aurai 35 ans. J’essaie de ne pas trop y penser. Je me sculpte le corps en cette nouvelle réalité. Je suis courbaturée.

Je me souviens des émotions fébriles qui me parcouraient lorsque je me plantais devant le miroir pour contempler l’enfance déserter mes traits d’adolescente. J’apprivoisais mon corps de femme, je me faisais belle et sensuelle. J’allais avoir vingt ans et la seule idée de mes trente ans me faisant frémir. Désormais j'observe mon visage se refléter dans le miroir que j’évite de regarder de trop près. La vision est moins plaisante que celle de mes vingt ans mais ce n’est pas encore dramatique même si mes boucles grisonnent. Je raisonne mes superficialités du haut de ma sagesse adulte. Je n’ose penser à la grand-mère qui m’attend au tournant du temps. Je vais avoir 35 ans. Il y a quinze ans, j’en avais vingt, dans quinze ans, j’en aurai cinquante. J’ai l’étrange impression de me tenir à un carrefour…

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