samedi, décembre 02, 2006

Nuit blanches

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Nuit blanches

Il y a les nuits où l'on fait le party, où l'on s'amuse sous les étoiles, où l'on lutte contre le sommeil par pur plaisir. Et il y a des nuits qui s’agitent contre soi, des nuits qui chassent le sommeil de leurs émotions branlantes, des nuits qui noircissent le tableau de la vie. Puis il y a ces autres nuits, heureusement de plus en plus rares, agitées par les détresses inexpliquées d’un bébé.

La nuit dernière, nous nous couchons à une heure raisonnable, la fatigue nous emporte vite. Soudain je suis réveillée par des brusques papouilles sur mon nez, j’émerge difficilement de la profondeur de mes songes pour découvrir Mademoiselle Soleil coincée entre nous deux.

- Juan, Juan…
- Hummmm….
- Le bébé est dans le lit?
- Hummm ???


Il ouvre un œil vitreux. La petite bien réveillée gazouille. Je lui demande :

- Mais tu l’as ramené dans le lit?
- Heu, ben je sais pas, je me rappelle plus…
- Mais quelle heure il est?
- Deux heures et demie…
- Faut la ramener dans son lit…

Il se lève et entraîne le bébé récalcitrant vers sa chambre. Il revient dans le silence, l’on se rendort à la vitesse de l’éclair. Une demi-heure plus tard, des cris nous appellent. Je grogne. Il y retourne. Il revient. Quinze minutes plus tard, de nouveaux cris, il grogne, j’y vais. Je reviens. Une heure plus tard, rebelote, bébé veut revenir dans le lit, il y retourne. Ainsi de suite trois ou quatre fois de suite, le petit matin nous trouve dans un piteux état.

Je lui parle de mon cauchemar fait à l'aube. Quelqu'un de mal intentionné kidnappait mon enfant et je me transformais en une véritable furie: Je suis la piste du coupable avec une perception surnaturelle toute maternelle. Je le trouve. Je l'accule, de force, contre un mur et j'exige de savoir où il a caché mon enfant, j'ai des pulsions meutrières qui me parcourent l'être. L'angoisse me tient par le sang. Je siffle de colère: "Si tu as touché à un seul cheveu de ma fille. Je te la coupe, je ne te laisse pas mourir, je la fais griller et je te la fais manger petit bout par petit bout!!!". Les brumes du sommeil se dissipent et je me réveille avec un bien mauvais goût sur le coeur. Ce ne fut vraiment pas la meilleure nuit de ma vie! Juan fait la grimace. Il n'aime guère que je fasse ce genre de rêves. Il me dit :

- N'empêche, je ne comprends pas comment je l’ai ramené dans le lit.
- Je ne l’ai pas entendu pleurer, c’est juste quand elle était dans le lit qu’elle m’a réveillée, avant cela je dormais comme un loir
- Oui, j’suis pas sur que j’ai pas eu un moment somnambule, ça m'est déjà arrivé quand j'étais jeune…
- Et tu serais allé chercher le bébé pour la ramener entre nous? C'est bizarre...
- Ben, on dirait bien, c’est vraiment flou…

Ce qui est clair c’est qu’entre ses dents qui la travaillent et son père qui la ramène dans le lit par on ne sait pas quelle opération du St-Esprit, la petite maligne en a perdu le goût de dormir tranquillement! La journée suivante se révèle plutôt mouvementée sans pourtant être impossible à surmonter. Je résiste à la sieste pour mettre à jour le site de l’asso. Le soir venu la petite a repris ses repères et s’endort comme un ange passé sept heures.

L’homme travaille. Mon esprit rebelle sème la pagaille dans mes idées. L’insomnie traître me guette au coin de la nuit. Elle attend le moment propice pour sortir ses griffes. L’homme se couche. Dame Insomnie me rejoint subrepticement. Je me débats. Il est déjà bien tard. Non. Je ne jouerai pas à ces petits jeux nocturnes. Fuir l'insomnie. Je l’attaque en quelques mots. La raison se joint à ma bataille, je tire et me retire…

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