mardi, juillet 11, 2006

Nouvelle France

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Via Lexilogos, un extrait de L' Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers. Diderot & d'Alembert(XVIIIe)

Canada ou Nouvelle France


Pays fort vaste de l'Amérique septentrionale, borné à l'est par l'Océan, à l'ouest par le Mississipi, au sud par les colonies Angloises, au nord par des pays deserts inconnus. Ce pays est habité par plusieurs nations sauvages, qui ne vivent que de la chasse et de la pêche. Outre ces nations, les François y ont des établissemens considérables, on y fait un grand commerce de pelleteries, que les sauvages apportent en quantité du produit de leur chasse. Le Canada est rempli de forêts, il y fait très-froid. Les sauvages qui habitent ce pays adorent le soleil et un premier esprit, qu'ils regardent comme au-dessus de lui. La capitale du Canada est Québec.

Hdr-Castle

Québec

Ville de l'Amérique septentrionale, capitale du Canada, avec une rade, un port, un château fortifié, un évêché qui ne releve que du pape. C'est au sieur de Champlain, gentilhomme de Saintonge, que les François doivent le premier établissement de Quebec. Il le commença en 1608, il y mourut en 1635, au bout de 27 ans de travaux. Cette ville est sur la rive septentrionale du fleuve S. Laurent, à six-vingt lieues de la mer, entre une petite riviere, qui porte le nom de S. Charles, un gros cap, qu'on appelle le cap aux diamans, parce qu'on y trouve quelquefois de faux diamans, semblables aux pierres d'Alençon. Les Anglois furent obligés de lever le siege de Quebec en 1690 ; mais ils ont pris cette ville en 1759. En 1744. M. Gautier estima que son thermometre étoit descendu au 33 degré de celui de M. de Réaumur ; nous disons estima, car le mercure étant rentré dans la boule après le 32 degré, il n'a pu avoir le dernier terme du froid que par estimation, ce froid se trouvoit environ 17 degrès plus fort que celui de 1709 dans nos climats, ce qui est le plus grand froid artificiel que Farenheit ait pu faire. Le singulier est que Quebec est à-peu-près sous le parallele de 46 à 47 degrés qui répondent au milieu de la France ; preuve bien évidente que le degré de froid ne dépend pas toujours du lieu où on l'observe.

(...) La plûpart de ceux qui n'ont point vû ni entendu parler des sauvages, se sont imaginés que c'étoient des hommes couverts de poil, vivant dans les bois sans société comme des bêtes, n'ayant de l'homme qu'une figure imparfaite: il ne paroît pas même que bien des gens soient revenus de cette idée. Les sauvages, à l'exception des cheveux et des sourcils que plusieurs même ont soin d'arracher, n'ont aucun poil sur le corps: car s'il arrivoit par hasard qu'il leur en vînt quelqu'un, ils se l'ôteroient d'abord jusqu'à la racine. Ils naissent blancs comme nous; leur nudité, les huiles dont ils se graissent, les différentes couleurs dont ils se fardent, que le soleil à la longue imprime dans leur peau, leur hâlent le teint. Ils sont grands, d'une taille supérieure à la nôtre, ont les traits du visage fort réguliers, le nez aquilin; ils sont bien faits en général, étant rare de voir parmi eux aucun boiteux, borgne, bossu, aveugle, &c.

A voir les Sauvages du premier coup d'oeil, il est impossible d'en juger à leur avantage, parce qu'ils ont le regard farouche, le port rustique, l'abord si simple et si taciturne, qu'il seroit très-difficile à un Européen qui ne les connoîtroit pas, de croire que cette maniere d'agir est une espece de civilité à leur mode, dont ils gardent entre-eux toutes les bienséances, comme nous gardons chez nous les nôtres, dont ils se moquent beaucoup. Ils sont donc peu caressans, font peu de démonstrations : mais nonobstant cela ils sont bons, affables, exercent envers les étrangers et les malheureux une charitable hospitalité, qui a dequoi confondre toutes les nations de l'Europe. Ils ont l'imagination assez vive : ils pensent juste sur leurs affaires: ils vont à leur fin par des voies sûres : ils agissent de sang froid avec un phlegme qui lasseroit notre patience. Par raison d'honneur et par grandeur d'ame, ils ne se fâchent presque jamais. Ils ont le coeur haut et fier, un courage à l'épreuve, une valeur intrépide, une constance dans les tourmens qui semble surpasser l'héroïsme, une égalité d'ame que ni l'adversité ni la prospérité n'alterent jamais. (...)

(...)Tous les Sauvages soûtiennent qu'il y a un Dieu : ils prouvent son existence par la composition de l'univers qui fait éclater la toute-puissance de son auteur ; d'où il s'ensuit, disent-ils, que l'homme n'a pas été fait par hasard, qu'il est l'ouvrage d'un principe supérieur en sagesse et en connoissance, qu'ils appellent le grand Esprit. Ce grand Esprit contient tout, il paroît en tout, il agit en tout, il donne le mouvement à toutes choses ; enfin tout ce qu'on voit et tout ce qu'on conçoit, est ce Dieu qui subsistant sans bornes, sans limites, sans corps, ne doit point être représenté sous la figure d'un vieillard, ni de quelque autre chose que ce puisse être, quelque belle, vaste, et étendue qu'elle soit: ce qui fait qu'ils l'adorent en tout ce qui paroît au monde. Cela est si vrai, que lorsqu'ils voient quelque chose de beau, de curieux, de surprenant, sur-tout le soleil et les autres astres, ils s'écrient : O grand Esprit, nous te voyons par-tout ! (...)

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CHEF SEATTLE :
"Comment peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre; cette idée nous semble étrange; la fraîcheur de l'air et le scintillement de l'eau ne nous appartiennent pas. Comment pouvez-vous nous les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple, chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque brume dans les bois sombres, chaque clairière ou chaque insecte bourdonnant est sanctifié dans la mémoire et l'expérience de mon peuple; la sève qui court à travers les arbre charrie les souvenirs de l'homme rouge. Nous faisons partie de la terre, et elle fait partie de nous.

Les fleurs parfumées sont nos soeurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ceux-là sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs de la prairie, la chaleur du corps du cheval sauvage et l'homme, tout cela appartient à une même famille. L'eau étincelante qui court dans les torrents et les rivières, n'est pas que de l'eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir qu'elle est sacrée et que chaque reflet dans l'eau limpide des lacs parle des évènements et des traditions qui ont marqués la vie de mon peuple. Le murmure de l'eau, c'est la voix du père de mon père. Les rivières sont nos soeurs, elles étanchent notre soif, elles portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, il faudra vous en souvenir; et il faudra apprendre a vos enfants que les rivières sont nos soeurs et les vôtres, et désormais vous devrez donner aux rivières la tendresse qu'on accorde à toutes soeurs.

Dans les villes de l'Homme Blanc il n'y a pas de coin tranquille, nulle part on ne peut y écouter bruire les feuillages du printemps ou le froissement d'ailes des insectes, mais peut-être est-ce pour cela que je suis un sauvage et ne comprend pas. Le fracas me semble insulter mes oreilles, et qu'y a t'il dans la vie d'un homme, s'il ne peut écouter le cri solitaire d'un engoulevent ou les discussions des grenouilles autour d'un étang, la nuit ? Je suis un Homme Rouge et je ne comprend pas; l'indien préfère le bruit subtil du vent qui ride la surface d'un étang et l'odeur du vent, purifié par la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon. L'air, l'air est précieux à l'Homme Rouge, parce qu'il sait que toute chose partage le même souffle; la bête, l'arbre et l'homme. Ils partagent tous le même souffle."

Invocation  by Al Feldstein
Invocation par Al Feldstein

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