dimanche, septembre 25, 2005

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Perceptions de Polémil Bazar

C’est en écoutant le nouvel album de Polémil qui sort officiellement la semaine prochaine que je laisse s’écouler ces mots épars…

J’ai fini mon article avant ma transformation en "maman-maison" et j’ai encore entre les pages de mon cahier de papier bien des idées. Pas facile de trier et de couper lorsque l’on a eu la chance d’avoir une entrevue riche en substance et émotions…

Pour cette dernière entrevue, j’ai donc rencontré Hugo Fleury, le chanteur de Polémil Bazar, un groupe qui tourne rond dans un paysage musical souvent trop poli. Au soleil d’une terrasse tranquille, nous avons papoté en toute simplicité. Ce n’était pas la première fois que je rencontrai Hugo et c’est encore avec beaucoup de plaisir que j'ai discuté musique et choses de la vie avec lui. Cette fois-ci, je l’ai trouvé plus mûr, plus serein, apaisé. Encore une fois le charme s'opère…

Devant mon imposante bedaine il semble attendri et au détour de la conversation, il me dit: « La naissance de ma fille m’a donné une grosse coche de maturité, cela m’a donné une distance par rapport aux choses.»

Avec un sourire complice il poursuit : « Avoir un enfant te met à la vitesse supérieure. Pourtant j’ai aussi relaxé un peu. Maintenant je suis moins exigeant avec certaines choses, par exemple si je n’ai pas touché l’absolu, je me dis, bon on se calme, c’est juste une chanson! On en fera d’autres! Maintenant je ne mets qu’une bonne idée par chanson au lieu de vouloir en mettre quatre en une! Une bonne idée, une chanson et on garde les autres pour durer longtemps… »

Au fur et à mesure que se déroule l’entrevue, je réalise nos multiples points communs. Je savoure cette humanité que je discerne entre ses mots, au fil de ses gestes. J’aime cette modestie qui reflète le meilleur de l’homme. Son intégrité suinte de ses moindres paroles, sa conscience touche mes fibres internes. Voilà sûrement ce qui me manquera le plus dans les prochains mois : l’occasion d’échanger avec des artistes qui rejoignent mes préoccupations, qui m’inspirent et me motivent. Ces instants de sympathie partagée qui m'enrichissent.

Je me rends aussi compte à quel point je suis toujours mieux avec les musiciens qu’avec les littéraires qui ont trop souvent tendance à tourner autour de leur nombril. Ceux-ci m’ennuient avec leur égo démesuré et ces façons de tout rapporter à leur petite bulle d’existence. Les musiciens, eux, ne m’étouffent jamais, n’aspirent pas mon air jusqu’à ce que je suffoque. Je me sens toujours bien en leur compagnie. J’ai l’impression qu’ils regardent et s’ouvrent plus facilement au monde qui les entoure. C'est paradoxal et pourtant...

Je crois que je ne ferai jamais partie de ces moules fait sur mesure pour telle ou telle catégorie d'humains, ces sphères fermées qui invitent au retrait sur soi. Quitte à me retirer sur moi même, je préfère encore la solitude des arbres et du sable. Quoi je fasse, toujours à vouloir tracer un sentier hors des chemins battus. Hugo me dit : « Avec notre nouvel album on voulait amener l’idée qu’il faut prendre le temps de réfléchir pour poser les bonnes actions. Sortir du moule et prendre le temps de bien vivre! » J’acquiesce en silence et absorbe avec délice…

Là sur la terrasse du café nommé le Temps Perdu, les mots d’Hugo sont comme des rayons de soleil qui me réchauffent l’âme. Ses paroles sonnent justes à mon cœur. J’en respire de bonheur. Lorsque s’achève l’entrevue, l’on discute quelques instants des choses de la vie qui ne font pas partie de la scène artistique. Il me parle en toute confidence de son expérience de nouveau parent, de sa petite fille de deux ans qui a aiguillé sa vie en une direction qui le rend meilleur. Il me parle accouchement avec sincérité sans essayer de romancer et sans le savoir rassure mes frayeurs intérieures. Frayeurs de douleurs que je laisse rejaillir du bout des lévres. Il m'encourage dans cette aventure qui tourne autour du bébé à venir. Il me dit de profiter des choses que je dois vivre sans m'inquièter de ce que je pourrais perdre sur le plan social. D'après lui, rien ne se perd vraiment et l'on a tout à gagner...

L’on papote ville et nature. Nous avons tous les deux des années de Montréalités derrière nous et tous les deux nous jouissons désormais de la paix en plein air pur. Lui sur les rives du majestueux St-Laurent, moi au bord de mon grand lac. Sa bonté enrobe mes émotions. L’on se quitte sur une note amicale. Pour une dernière entrevue privée, je me sens choyée, régénérée. J’espère juste écrire un article digne de l’instant passé…

Paroles éparses :

Au sujet de l’ouverture du groupe qui laisse libre court à la créativité de chacun : « On se laisse nos jardins secrets. Mais lorsque Josiane a signifié son désir de chanter, tout le monde a été d’accord. On se dit ce que l’on en pense, on a tous une bonne idée de ce que doit être Polémil. Et habituellement on tape dans le mille! On demande aussi l’avis des gens qui travaillent avec nous, qui s’impliquent. Ensuite on se concerte, cela nous conscientise, cela nous donne un regard extérieur, un recul que l’on pas toujours… »

Au sujet du Félix et des autres prix reçus: « La reconnaissance de la scène artistique nous a donné une bonne motivation. Y’a des gens qui font semblant que ça les touche pas. Pour moi, autant une mauvaise ou une bonne critique ne peut laisser indifférent. Cela peut gonfler les egos, mais ce ne fut pas notre cas. On est encore des anti-stars. On est gens auto-produits. On a travaillé fort pour en arriver là, on oublie pas notre parcours, les tournées à nos frais. Rien n’arrive par magie. Les prix cela permet de rester lucide sans être froid. Il faut savoir apprécier les bonnes choses et pas toujours chialer! C’est du carburant pour plonger, pour revenir et surprendre encore! Ne jamais s’asseoir sur ses acquis. On a pas besoin d’un Félix pour se mettre la pression. La pression on se la met tout seul, on est hyper exigeant, c’est assez spécial. Il faut bien s’occuper de ses oignons. On doit être fier de nous, c’est important, c’est lié à notre intégrité artistique. »

Au sujet du nouvel album: « Il y a beaucoup de références temporelles sur l'urgence d'agir en matière d'environnement mais aussi à tous les niveaux sociaux. Le titre renvoie à l'idée de prendre le temps de bien faire les choses. De cesser de participer à la panique urbaine. Il faut prendre le temps de bien vivre... »

Au sujet de son écriture : « Je refuse systématiquement les anglicismes. J’ai aussi un refus de la rime facile, j’ai toujours tendance à chercher ailleurs. Mais cet album est moins cérébral, plus simple, j’avais envie d’alléger un tantinet sans pour autant oulier la substance. J’ai besoin de chansons agréables à l’oreille, je tiens à la prosodie(le mariage de la prose, de la poésie et de la musicalité des mots). J’aime conter des récits. Une chanson pour moi a besoin d’un sens esthétique comme les couleurs d’une toile, tu peux pas tout mélanger! Je me suis appliqué sur les images, les sonorités… »

Au sujet du ton de Polémil : « Fait de la critique sociale sous couvert d’ironie teinté d’humour cinglant. L’humour a toujours un message caché, on fait pas dans l’humour gratuit. Beaucoup de réflexions existentielles. On combat la bêtise du quotidien. On expose des thématiques qui nous touchent. Mais on veut pas faire de morale ou dire aux gens quoi penser. Polémil c’est à prendre tel quel. On pense avoir trouvé une approche et un son qui nous est propre. On laisse les gens faire les liens selon leurs perceptions. Ensuite, libre à toi! »

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