vendredi, février 18, 2005

Leave a Comment
Paradoxes nocturnes

Après mon cours, je retrouve ce local où s’exposent des touches d’art parfois bizarres, là où se déroulent les ateliers d’écriture. Cette fois, Jean Desy guide la session, médecin et écrivain, passionné du Grand Nord, c’est un invité de marque qui nous tient compagnie ce soir. Humble et chaleureux, il nous emmène sur son bateau mental. Après une séance d’écriture automatique, il laisse la place aux mots des esprits égarés que nous sommes. Capitaine littéraire, il mène la barre avec brio, le thème tourne autour de la montagne, le ciel, l’euphorie, l’esprit….

J’écris un brouillon de texte sur une idée qui me chicote ces derniers jours, un texte sur la souffrance, sur les blessures de l’âme. Cela n’a pas vraiment rapport avec les autres, mais c’est ce qui avait besoin de sortir. Un texte que je veux retravailler ces jours prochains. La session littéraire se termine, les premiers acteurs commencent à quitter la pièce, débarque alors Miss Pippa qui me dit :

- Dis, tu fais quoi après?
- Heu, ben…
- Cool, alors tu veux pas venir avec nous à un show que je couvre, j’ai pas de photographe, tu pourrais me dépanner…
- Ah! Mais j’ai mon appareil! C’est quoi le show?
- Les Breastfeeders!
- Jamais entendu parler!
- C’est la nouvelle vague montréalaise, on a parlé d'eux dans le NY Times, ils sont pas mal hot ces temps-ci! Si t’avais pas ton appareil, je pensais te prêter le mien, mais là c’est parfait! Bon, alors tu viens?
- Faut que j’en parle à Juan, il est caché non loin…
- Allez, c’est du gros rock, ça va te défouler, ça va te faire du bien…
- Mouais, ça pourrait être une idée…

Je m’arrange avec Juan pour le retrouver après le show, et l’on part entre filles dans la nuit noire. On a la chance de se trouver une place juste devant la porte du bar. Cela fait une éternité que je ne suis pas allée voir un tel show. Du rock-punk, punk-rock, du ska-punk rock, du rock yéyé??? Ouais, je suis plus vraiment à la page! Je sais pas trop ce que c'était mais je sais que cela faisait des années que je n’avais pas eu les oreilles autant déchirées! Il faut quand même dire que le son est royalement pourri! Avec un meilleur son, ils sont peut-être "pas si pire"...

Tout un défi cependant pour arriver à faire quelques images pas trop pourries au milieu de cette petite jungle enfumée. Je suis emportée dans des trips de mouvements, de lumières, j’écrase mes soucis dans une quête d’images « rock and roll ». J’avais oublié que du bon gros rock peut aussi être des plus thérapeutiques! Inlassablement, Suzie la fille du groupe attire mon objectif qui la fixe avec gourmandise. Pas envie d’utiliser le flash, sauf lorsque le bouffon de service se met à poil pour la foule en délire. Miss Pippa m’avait bien dit : « Y’a un gars sur scène pas mal weird, ils l’appellent le fou, ta mission est de me l’attraper! » Ahah! Mais je ne refuse jamais une mission photo! Ainsi lorsque fut venu l’instant clé, mon flash percuta sa petite bestiole apeurée à la minute où elle jaillit de son pantalon! Un vrai show! Niaiseuse, je mets ensuite Miss Pippa au défi de l’insérer dans son papier. Elle éclate de rire :

- Etol, t’es mortelle! Tu veux pas que je dise le nom du prof que tu as interviewé l’autre jour et là ça te dérange pas que je publie la photo du gars à poil!
- Ben non, tu m’as dit, prends le quand il fait des conneries! Mission accomplie! Pis ce serait drôle! Je serais morte de rire mais je suis sure que vous êtes pas chiches!!! Au pire, tu lui censures la zigounette! Bon, j'espère au moins que j'aurai d'autres photos potables que celle du fou!


Trêve de plaisanteries, le show se finit juste avant que mes tympans n’explosent. Je ramène les filles et retrouve Juan au creux de la nuit. Nous reprenons le chemin de notre cabane, là où le silence règne, là où tout est saupoudré de sucre d'hiver…

0 commentaires: