lundi, octobre 04, 2004

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Allo docteur?

Ce matin après une autre nuit difficile, je me réveille patraque et le teint blanchâtre. L’homme me dit :

- Pour une fois, va chez le docteur…
- Hummm, il va sûrement me dire de me reposer, que je fighte un virus et que si ça va pas mieux dans une semaine je n'aurais qu'à retourner le voir…
- Peut-être, mais cela ne peut pas te faire de mal non plus!

Déterminé, il se lève, regarde dans notre petit carnet noir et signale un numéro de téléphone :

- Bonjour, est-ce que vous prennez des consultations sans rendez-vous ce matin?
- ….
- Bien merci, on va venir alors…

Le découvrant si motivé et étant si faible, je me plie à son bon vouloir. Trois quart d’heure plus tard et nous voilà partis. Nous descendons la montagne, retrouvons les grandes artères qui mènent à la civilisation. Vingt minutes plus tard nous arrivons à la première ville avant Québec. Je sors péniblement de l’auto tandis que monsieur la gare et à peine ais-je mis deux pieds devant la secrétaire que je suis rembarrée sur place. Non, cette clinique pas ne fait pas les « sans-rendez-vous », ce n’est pas la bonne place! L’homme entre alors que je sors, pas des plus heureuses. Il s’informe du lieu de la bonne clinique médicale. L’on reprend place dans la boite sur roues. La nature est superbe. Les couleurs phosphorescentes des arbres illuminent le ciel ombragé.

Plus l’on approche de la ville, plus le vert reprend de la vigueur. Quinze minutes plus tard, nous arrivons au bon endroit pour mon mal. Arrivés devant la secrétaire, elle nous informe qu’en effet il n’y avait personne quand Juan a appelé mais que là y’a plus d’une heure d’attente! Vu que Juan a un cours dans une heure et moi-même un examen un peu plus tard, il n’est pas possible d’attendre si longtemps. La secrétaire nous explique qu’il y aura une autre période de consultations hors rendez-vous en fin de journée. L’on reprend la route de l’université. Entre deux poussées de fièvre, je m’amuse à prendre en photos les travaux routiers, qui parsèment notre chemin. Les hommes lèvent la tête, froncent les sourcils, je dégaine mon plus beau sourire, ils me font un petit signe, et la voiture affamée avale l’asphalte…

J’ai beau prendre des « Advils » régulièrement, la fièvre persiste à me faire tourner la tête par vagues de chaleurs ou de frissons invisibles. Nous arrivons en ville, nous pénétrons le campus pour y installer séparément nos prochaines heures. Juan dans son pavillon des sciences. Ma pomme à la bibliothèque cachée dans les entrailles de mon pavillon. J’ai le cerveau à moitié engourdi, je me force à réviser ma matière. Je rencontre Nath dans les couloirs, la mine aussi déteinte que moi, le même combat, des cours différents…

Je finis par monter tranquillement m’installer dans ma salle de cours. Le prof arrive, l’ambiance se calme, c’est fou ce qu’ils bavardent en sociologie. Cette petite excursion hors mon programme de traduction est des plus agréables et la matière disséquée des plus intéressantes. Je me force les neurones à répondre aux cinq questions à développement. Je m’en sors relativement, j’ai le cerveau qui grogne et le sang qui chauffe, je me débats avec ce corps ingrat qui n’en a jamais fini de me fouetter la peau par petits coups de vie. Je dépose ma copie, sors enfin de mon bâtiment pour faire cent pas et entrer dans celui de Juan. Je marche un peu à coté de mes pompes, je manque de perdre mon souffle dix fois à monter trois étages et je finis par retrouver Juan dans sa salle d’écran ultra modernes. Il me sourit, prend mon sac et c’est reparti pour un tour de «char».

La nuit est complètement tombée lorsque l’on se retrouve devant la porte de la clinique. Je suis sérieusement plus fatiguée que ce matin! Une autre secrétaire nous accueille, elle nous dit que l’attente est d’à peine dix minutes, nous nous asseyons en silence. Je me plonge dans mon Paris-Match spécial Sagan, Juan ouvre l’Actualité. Trente minutes plus tard c’est mon tour. Une « madame docteur » à l’allure sympathique écoute attentivement mes petits bobos. Elle me tâte, m’ausculte, me fait ouvrir la bouche, respirer bruyamment et finit par me dire:

- Ah! Oui, c’est viral! T’as la gorge irritée mais c’est pas si pire. C’est surtout dans le ventre que ça gigote, et puis les poussées de fièvre, c’est la preuve que ton corps combat un virus quelconque. Tu as attrapé de quoi et ton corps est en pleine bataille, y’a pas grand chose à faire! Prends des Advils pour la fièvre et les douleurs musculaires, pis si c’est pas passé d’ici la fin de la semaine, reviens me voir….

Je sors de son cabinet franchement pas plus avancée que je l’étais ce matin! L’homme est un peu dépité mais semble soulagé, et c’est vrai que moi aussi je suis soulagée, j’ai l’estomac qui se rebelle, le sang qui bouillonne et les muscles qui grognent, mais c’est normal, c’est juste mon corps qui combat l’automne…

collines-rousses

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