dimanche, juin 20, 2004

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Souffles...

Hier, en rentrant d’une promenade à St-Raymond où je craquai sur un plant de Datura à fleurs pourpres, un souffle de danger m’ébouriffa les boucles...

Après un orage soudain, le vent se leva. Il souffla les nuages pour entraîner le soleil en une superbe journée. En fin d’après midi, le vent soufflait encore violement. Je ne sais de quel temps le ciel voulait accoucher, mais il semblait sous l’emprise de contractions étirées, toutes les dix minutes, des rafales impressionnantes balayaient l’air qui tournoyait comme un fou. Les arbres ployaient sous la pression, à leurs cimes, les feuilles virevoltaient bruyamment, le soleil brillait de plein feu.

Toute contente de ma trouvaille végétale, je m’extasie et je traîne derrière Juan qui rentre dans la maison. Je suis en train de déposer mon énorme plant au beau milieu de la terrasse lorsqu’une puissante rafale se fait entendre, puis un bruit étrange de craquements au dessus de moi. Je ne prends même pas le temps de réfléchir, ni de une, ni de deux, je détale comme un lièvre! Le bruit s’accentue derrière moi tandis que je coure. Je sens une drôle de caresse m’effleurer les boucles, je ne m’arrête qu’au bout du terrain. Je me retourne alors et je reste bouche bée!

Une énorme branche vient de recouvrir entièrement la terrasse. Sur le coup, je pense à mon Datura que j’ai lâchement oublié là-dessous, je fronce des sourcils. Juan sort brusquement sur le pas de porte, il appelle d’une voix forte, tout en cherchant désespérément du regard la terrasse, recouverte de feuilles et de branches.

- Etolane? Etol ça va?
- Oui,
je lui réponds en riant un peu, j’ai couru, j’ai juste couru et je l’ai senti me toucher les cheveux!

La voisine arrive. Elle traverse nos deux terrains pour venir me regarder la mine inquiète.

- Etolane? Ça va? J’étais en haut sur mon balcon. J’ai tout vu!
- Oui, j’ai couru, j’ai même pas regardé ou pensé, j’ai juste détalé!
- Oui, j’ai tout vu, j’en reviens pas. J’ai vu la branche se casser sous le vent, et toi en dessous, cela s’est passé si vite, j’ai même pas eu le temps de te prévenir que je t’ai vu courir, le bout t’a touché, j’ai tout vu! Vraiment cet arbre est dangereux!


Une nouvelle rafale fait ondoyer la mer végétale qui nous entoure. Je lui souris essayant de la détendre, pauvre Marie toute effrayée et un peu choquée.

- Ça va Marie, j’te jure, ça va bien! Oui, il faudra sûrement le couper, on en a parlé avec la proprio déjà...

Jean arrive, choqué lui aussi. Il entreprend de discuter avec Marie puis va appeler la Proprio. L’arbre va tombé, d’une façon ou d’une autre il tombera, c’est juste vu son état. Juste triste...

C’est que je l’aime bien ce vieil érable, encore majestueux, il doit monter à presque dix mètres au dessus de nos têtes. J’avoue ses branches sont énormes et il est malade. Mais je n’aime pas voir mourir les arbres...

Je récupère mon Datura sain et sauf dans un lac de feuilles. Je repense à cet instant étrange où je sentis le souffle de la branche m’effleurer les boucles avant de s’écraser par terre. De la chance ou une certaine « jugeotte », je ne sais pas ce qui l’a emporté pour me faire prendre mes jambes à mon coup. Une chance que cette branche n'ait pas accroché le fil électrique au passage! Ce qui était sur, c’est que je n'allais pas rester là comme une gourde et lever la tête. Je suis devenue une femme des bois. Quand cela craque différemment de l’habitude, tu cours puis tu regardes après! Enfin d’après moi...

Les rafales continuaient de rythmer les heures. La voisine rentra chez elle. Jean se mit à la tache. Durant prés de trois heures il scia, scia et scia, sans bruit, à la main. Toute à mon jardinage retrouvé, je l’observai du coin de l’œil. C’est quand même super sexy un homme qui scie...

Je regrettai un peu de ne pas avoir mon p’tit Sony digital en cette aventure d’arbre! La maîtresse du P’tit Sony est partie à San-Diego pour quelques jours. Le petit est parti avec. Il reviendra un jour. Depuis deux mois qu’il est devenu une sorte d'extension digitale de ma main, il me manqua singulièrement hier soir. J’en profitai pour ressortir le vieil minolta qui s’empoussiérait au fond du placard. Étrange retour à la pellicule.

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