mercredi, juin 30, 2004

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Remue-sable

Gentille lucide. En moi, deux états se débattent, ils se conjuguent aux heures de ma vie à multiples temps. Lucidité et gentillesse font un drôle de ménage en mon corps et parfois tout un bordel dans ma tête!

Je retrouve mon bureau sur la plage. Deux larmes entre deux grains de sable. Toujours ces maudits nuages au dessus de nos têtes! Loin du troupeau municipal qui paît calmement, je récupère mon petit coin de sable.

Sur ces trente mètres de sable, ma pomme et un homme. Celui-ci, le nez collé entre deux pages, grisonnant sous sa casquette, le cul sur sa chaise longue, me tourne le dos. Good for you my boy! Better watch out for the hunter! Because he’s still alive somewhere in that adulthood. «Tu racontes vraiment n’importe quoi quand tu veux!» Heu, si ça me tente! Et tu es qui toi ??? «Je suis la voix de ton homme. Je fonctionne grâce à la puce invisible que l’on t’a inséré dans le cerveau après ton mariage.» OH ! Vois-tu je pensais que cela s’appelait l’Amour ! «Ben, si tu veux, mais tu sais que je suis en informatique !» Ah ! C’est vrai ! Et tu as raison, je raconte n’importe quoi, c’est les nuages qui brouillent mes ondes !

Apparait alors «out of nouwhere» le petit génie du ménage. Il rétorque prestement :

- Allo ! ‘Scuse moi de te déranger, daigne pardonner mon intrusion en tes mots, mais ce pourrait-il que ce soit la faute du ménage plutôt que celle des nuages !
- Ok, je t’excuse mais je suis convaincue que c’est les nuages...


Sceptique, il joue avec des grains de sable qu'il fait monter en minuscules pyramides. Je l'interpelle.

- Hé, dis donc, tu seras gentil de ne pas trop faire de bordel !

Il lève la tête, fronce les sourcils. Son air sceptique laisse la place à une interrogation intérieure. Je poursuis :

- Ben oui, là, t’es dans mon bureau et c’est pas parce-que je fous pas grand-chose présentement que tu dois tout déranger !!!

Ses petits yeux s’écarquillent encore. Il ouvre la bouche et reste muet devant mon assurance tranquille. Je continue.

- D’ailleurs, peux-tu reposer ce grain de sable ! Et remettre tout en ordre ! Merci !

Il hoquete un petit «oh !», il échappe son grain de sable.

- Cher génie, tu sais combien l’univers est en équilibre précaire ! Mon bureau est construit de sable et d’éphémère. Ferme tes yeux. On dirait qu’ils vont exploser sous la pression !!! Je t’excuse de m’avoir dérangée mais là tu comprends, je dois me concentrer. Je te saurais gré de me laisser travailler, je te rejoindrais plus tard à la maison...

Le petit génie du ménage baisse la tête, sa peau clignote un instant au soleil revenu. Il acquiesce silencieusement. L’homme sur la plage tourne une page, pouf, le petit génie disparaît....

Portishead dans les oreilles, je ferme les yeux. Je bâillonne la raison et m’envole...

Je laisse derrière moi mon corps. Il cuit à cet été, qui se fraye un chemin de misère, entre les rangs cotonneux d’une armée de spleen en balade...

Je suis une enfant de l’univers. Fille du vent et de la Terre....

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